Derniers Rendez-Vous à 4
Les Rolling Stones ont beau toujours durer, plusieurs fans considèrent qu'Exil on Main Street, leur album double de 1972, est leur dernier joyau musical. J'ai même lu, pas une, mais DEUX "biographies" du band qui s'arrêtaient à cet album. Je place des guillemets car comment qualifier ceci de biographie si on s'arrête au tiers de l'oeuvre ?
Led Zeppelin a lancé l'album double Physical Graffiti en 1975, au terme d'une tournée qui avait pas mal séparé les membres du band. L'album double est même un condensé de tous les morceaux rejetés des albums précédents, avec quelques rajouts, mais moins que des oeuvres retravaillées, issues d'enregistrements passés. L'album reste pas mal bon. Mais c'est la fin de quelque chose d'immense. Led Zep ne sera jamais aussi populaire qu'entre 1968 et 1975.Bob Dylan simule un accident plus grave que vrai afin de reprendre le contrôle d'une style de vie qui menace de le ruiner mentalement er physiquement en 1966. Au même moment qu'il lance un album double exceptionnel, Blonde on Blonde. Il y a marqueur dans sa carrière.Roger Waters a signé presque tout seul The Wall entre 1978 et 1979. Pink Floyd n'était plus le même band après le chef d'oeuvre double qu'il avait majoritairement composé. En 1983, le band n'existait plus avec Waters. Ce ne serait pas plus mauvais, mais différent.
Arcade Fire a lancé en 2013 l'album double Reflektor, 3 ans après le superbe The Suburbs. On dira ce qu'on voudra, après cet assez parfait double album, Arcade Fire n'a jamais été aussi intéressant.On peut dire sans se tromper que l'album double Quadrophenia de The Who, lancé en 1975, est aussi le dernier moment "magique" du band. Les batteurs de The Who et Led Zep meurent respectivement dans 3 et 5 ans, ça n'a pas aidé à la créativité et à la longévité des groupes.
Vous voyez où je veux en venir ?
Rien ne sera plus pareil après New Adventures in Hi-Fi.
La mort, R.E.M. vient de la frôler de près. Leur batteur aussi. Bill Berry a été victime d'un anévrisme au cerveau en Suisse, mais le hasard a voulu que le band se trouvait alors à 10 minutes du meilleur centre de traitement du cerveau, AU MONDE. Il a été béni, on a pu le traiter rapidement et efficacement. Mike Mills a cru avoir une tumeur aux intestins, aussi pendant la tournée de Monster. Ce n'était pas ça, mais ça nécessitait une intervention hospitalière. Finalement Micheal Stipe a été victime d'une hernie qui a obligé une chirurgie. Peter Buck, s'est acheté un billet de loto.
Mais avec ce 10e album studio, c'est moi que le band regagnait. J'avais plus ou moins abandonné l'intérêt avec Monster. Je ne les voyais pas créer originalement mais suivre la parade sonore imposée par la scène grunge de Seattle. En tournée, le band jouait majoritairement cet album. Presqu'au complet. On en était donc satisfaits de ce qu'on avait créé. Je ne peux pas dire que je secondais. Sur ma liste de lecture de 4h36, en 2025, seulement 4 morceaux trouvent leur place, tiré de cet album, où je cède à l'envie de réécoute. Mais en tournée, on joue aussi plusieurs morceaux composés en route. Avec cet effort, enregistré presqu'entièrement en tournée, dans les prises de son les jours de spectacle, mixés dans plusieurs villes de passage, ce qui a beaucoup exigé de Scott Litt, et surtout AVEC Bill Berry pour tous les morceaux, Un seul morceau sera créé entièrement en studio. Et ils l'aimerons tant, qu'ils la placeront première des 14 offertes. C'est selon moi, une de leur meilleure à vie. Mike Mills joue un petit riff de piano et Berry encourage les autres à développer là dessus. C'est la première de l'album, mais la toute dernière enregistrée. Très atmosphérique. Très americana. Il y a même clin d'oeil au solo avant-garde de Mike Garson sur Aladdin Sane de David Bowie, en 1973. Année qui sera citée dès la chanson suivante quand Stipe dit pratiquer ses "mouvements à la T-Rex". Stipe se donne des airs de Dylan dans sa livraison vocale, on on continue de combiner acoustique et orgue. Le premier single, qui invite la marraine du punk, reine du crescendo, Patti Smith, est un choix audacieux parce que légèrement aussi huppé que Drive, premier single d'Automatic For The People. Ce sera un choix qu'ils regrettrons. Seulement en Angleterre ce single fera bien. Mais de toute l'histoire du band, c'est le single qui fera le mieux, en Angleterre. Il s'agit d'un hommage à son ami River Pheonix. décédé en 1993.Le dernier morceau du côté prétendu "Hi" est une composition de plus de 7 minutes de Bill Berry. J'ai littéralement un film différent qui me joue en tête à chaque écoute, avec présentation en fondu au noir de 8 personnages dans un film en noir et blanc, où on s'activerait davantage après la première minute d'introduction. Au son de la sirène continue. Ça reste ironique. Berry quittera justement la band d'ici un an. Une version alternative sera aussi enregistrée. Qui n'est pas mal du tout. Dans le film de Danny Boyle, a Life Less Ordinary, la chanson est utilisée.
En 1996, le CD est en plein élan de popularité. Il est plus difficile de comprendre que certains albums sont doubles si on ne regarde pas la durée totale de l'enregistrement ou ne tient pas compte du nombre de morceau. Je mettrai du temps à comprendre que 1.Outside de David Bowie en était un ou que celui-ci, de R.E.M en était un aussi. La cassette confirmera. Le côté "Fi" démarre rock'n roll et nous fait réaliser que les refrains de cet album sont tous accrocheurs. La réconciliation avec le band est absolue avec le second single que plusieurs, dont le band, , même considèrent comme le single qui aurait dû être le premier. Mike Mills ne chante pas de morceau comme chanteur principal, mais a composé un morceau entier seul.
C'est un de mes morceaux préférés du band tout album confondus. À partir de "...You & me..." je suis entièrement enchanté. Et quand la batterie de Berry embarque, je délire de plaisir. Buck (& Mills) tirent des guitares des sons formidables et Stipe, en mots, explore des territoires très interressants. Merci Mike Mills. Qui y joue d'une des 2 guitares et du clavier en plus de faire des voix. Ele compose en entier. Ne fermant jamais la porte de l'expérimentation, on se permet aussi de l'instrumental, enregistrant dans une loge, avec Nathan December aux tambourins et Scott McCaughey à la harpe.Thom Yorke, de Radiohead dira que cet album est l'un de ses favoris à vie. Un des morceaux de R.E.M. ressemble d'ailleurs beaucoup dans sa structure à un de leur morceau de The Bends. Lancé en 1995. Ce serait donc R.E.M. qui aurait baigné dans les ondes cérébrales communes. Avec une oreille toujours très attentive sur tout ce qui ce produit dans l'univers musical populaire. Mais le piano du morceau suggère aussi du Derek & The Dominos, d'une toute autre époque. Qui n'ont eu qu'un album. Un double...
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rt95 entre Mercury & Armagosa Valley, Nevada |
Cet album qui suggère la route avec sa pochette était une route qui me plaisait très avantageusement. Une des raisons qui faisait que je n'arrivais pas à me brancher favorablement sur le grunge était que je devenais un adulte. Et je trouvais cet album, contrairement au précédent, adulte. Le grunge m'était adolescent inconsciemment. Adolescent que je n'étais plus. Le 3e single, qui est aussi le dernier morceau de l'album, est un bijou. Andy Carlson y ajoute son délicieux violon.
C'est tout R.E.M. de 1980 à 1996 pour mes oreilles réuni en un morceau. Avec un video à la David Lynch.C'est un band que j'adore encore, adulte.
C'est un band adulte.
Dont le dernier single de ce petit bijou d'album, sous estimé, qui ne vendra jamais assez, n'est pas nécessairement jangle rock pop comme on nous as souvent habitués avec eux, mais sophistopop avant-gardiste et folk.Cet album double sera ce que le band fera de mieux selon Micheal Stipe.
Je suis presque d'accord.
Mais après ce double album, comme presque trop souvent, rien ne sera plus jamais pareil.
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