Vieux Chiens Essayant de Nouveaux Jeux
Band complètement démocratique jusqu'à 1998, il était pratiquement impossible de déterminer qui composait quoi dans le groupe de 4. Mais avec le départ de Berry, et la sortie du film de Forman, on découvre qu'il était l'architecte derrière Man on the Moon. Le refrain. C'était d'abord une chanson country. Il est aussi celui qui largement structuré Everybody Hurts, que tout le monde, de 7 à 77 ans, country, metal, rock ou pop, a aimé. Il a aussi composé la mélodie au piano de Perfect Circle sur Murmur. Sur Driver 8, sa ligne de batterie est à l'origine du morceau. La superbe ballade Wendell Gee est entièrement de lui. Il a fait les arrangement de Can't Get There From Here, inspiré des Smiths. Il est aussi très impliqué dans les arrangements pop de Stand et Leave part de ses dernières expériences à la batterie. Ironique que ça se nomme justement Leave.
Ou calculé ?
R.E.M. a toujours été très très très calculé. Des premiers jours à maintenant. Berry était important en ce qui concerne la structure des morceaux. Pas anormal, Mike et lui en sont la rythmique. Il en était aussi le côté country/punk. Il agissait continuellement comme médiateur dans les conflits créatifs. Sans lui, on va tenir ?
Le risque est grand en octobre 1998. On lance quelque chose qui les réinvente à 3. On pensait travailler avec une machine à batterie électronique qui nous plaisait beaucoup, mais qui enlevait les baguettes des mains de Bill. Son départ les fragilise face à l'inconnu, mais leur donne aussi confiance de foncer dans de nouveaux territoires sonores. Le pastoral Out of Time et le plus sombre Automatic For The People, le grunge Monster et le double New Adventures in Hi-Fi, aussi expérimental qu'americana les amenait à un tout nouveau départ. Quoi de plus normal que de commencer cet album à l'aéroport. Entre atterrissage d'un nouveau son et départ dans une nouvelle direction.
Dominé par les claviers, il vendra beaucoup moins que les autres. Un seul morceau semble suggérer le R.E.M. d'antan. Mais le groupe a toujours été favorable à fuir le confort sonore. Il serai trop facile de répéter toujours la même chose. On veut rester pertinent sur ce qui bouleverse notre époque. Dénoncer ce qui est arrivé à Matthew Shepard n'est donc pas un effort, c'est tout simplement naturel. Peter Buck compose certains morceaux entièrement aux claviers. On offre de la très intéressante méditation électronique. Jay Waronker et Barrett Martin seront utilisés à la batterie occasionnellement. Mélodiquement on se rapproche des Beach Boys, période Pet Sounds. Tout en restant moderne. Peter Buck s'installe même à la batterie quelques fois. On fait de l'étude de personnages, on critique la foi, questionne le regret professionnel, on flirte avec le shoegaze et le noise guitar sur des ballades. On fait des épilogues électroniques instrumentaux aventureux qui inspireront beaucoup Thom Yorke pour certains morceaux et certains albums. Stipe dira que ses textes sont plein de tragiques acceptations. Brisant avec la tradition de Murmur à Up, Micheal Stipe accepte de faire publier les paroles dans la pochette de l'album. Mike Mills, après 8 ou 9 chansons en boite dira, en lisant les textes, qu'il y avait de vrais petits bijoux issus du crayon de Stipe. Qu'on devrait cette fois les rendre plus facilement publiques, les paroles. Micheal accepte. Se disant que c'était une belle manière de montrer que R.E.M. était un band différent maintenant. Il y a des airs de High Llamas dans ce qu'ils proposent. On parle de malaise de fin de siècle. On sera forcé de co-créditer Leonard Cohen parce que Hope a une structure mélodique trop près de Suzanne de Leonard, et on ne veut pas se mettre dans le trouble. On plane.Est-ce que c'est ce que les fans ont envie d'entendre d'eux ?
Pas en Amérique du Nord. Ou l'album débute au 3e rang lors du lancement, mais sort complètement du palmarès la semaine suivante. The Postal Service et Owl City sont 2 bands qui s'en inspirent beaucoup et parlent d'emotronica. Et en Europe, ils sont encore parmi les meilleurs obtenant le second rang des ventes plus longtemps, en Suède, Norvège, Allemagne, Autriche, Italie, Angleterre et Irlande. Majoritairement au Nord. Où on adopte plus facilement le froid. Le son du band est effectivement plus froid.
Ce sera la premier album à ne pas vendre 1 million avant 4 mois depuis Life's Rich Pageant. C'est aussi le premier album à ne pas être produit par Scott Litt depuis la même période. Certains parlent de crise d'identité. Mais d'autres parlent d'hypermodernité assez réussie.
D'écoute qui demande du temps. La vraie richesse c'est toujours le temps.
Le temps vient de changer entièrement. Pour les 3 gars d'Athens et pour notre couple aussi. Le plus beau garçon est arrivé pour nous en pleine grève des infirmières en juillet. Nous sommes parents.
Notre rapport au temps sera complètement différent pour le reste de nos jours. J'achète aveuglément ce CD, mais ce sera mon dernier achat du band. Je suis papa. Micheal Stipe, gai, ne le sera jamais. Peut-être que ça explique qu'il me parlera moins.
Bill Berry, sur sa ferme, riche célibataire, a un rapport au temps aussi entièrement différent des années précédentes.
Il entend ce qu'ils ont lancé et reste très fier de ce qu'ils ont fait. Regrette presque son départ. Mais n'a pas envie de la pression qui accompagne le style de vie qu'impose leur notoriété.Up est bien pour mon oreille. Mais c'est le dernier fragment d'intérêt presque complet pour un album de ce band, trouvant qu'on baigne entre deux extrêmes. On tombe dans l'ambient qui ne fait suffisamment impression et qui suggère qu'on ne risque pas assez, ou on est vraiment trop franc en parlant directement avec trop de sérieux, sur des mélodies qui ne demanderaient peut-être que d'être senties.
C'est une nouvelle vibe. Plus laboratoire.
L'intérêt futur ? Ça reste maintenant à entendre et à voir.
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