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R.E.M. est un nom et un son qui circule.
On commence à faire circuler leur nom et leurs sons. Stipe se garde toujours un droit de réserve sur ses apparitions pour faire la promotion du band. C'est encore Buck & Mills qui se pointent pour les entrevues. Ou qui sont majoritairement explicatifs dans leurs explications de ce qu'ils sont. Et parmi une de ses entrevues, on finit par croiser des travailleurs du Late Night With David Letterman, sur NBC, un talk show de fin de soirée de plus en plus populaire. Ceux-ci sont des fans du band qu'ils ont découvert cette année, 1983. Et content de les croiser. Les invitent. Ce qu'ils acceptent tant qu'ils ne soient pas obligés de faire du lip synch. Une apparition là, et ce sont des millions de gens qui les découvrent. Et peut-être les aiment. Quand ils font leur morceau pour Letterman, Stipe persiste à ne pas intervenir au micro ailleurs que comme chanteur de leur plus performant single. Letterman parlera encore à Buck & Mills. Deux mois plus tard, c'est en studio qu'on voudra capitaliser, le courant est en leur faveur. On essaie de composer ensemble 2 morceaux par semaines et bientôt. on aura 22 chansons, en décembre. On enregistre avec un producteur de Neil Young, Eliot Mazer, à San Francisco et Peter Buck tentera de convaincre les 3 autres de lancer un album double. Ce qui ne tentera pas aux autres. Déjà ? On est pas si connu encore pour exiger de la longue écoute. On pense garder Mazer pour produire le prochain effort, mais on choisit de revenir avec la même recette de Mitch Easter et Don Dixon, et à Charlotte, en Caroline du Nord. I.R.S., devant les bonnes réceptions du premier effort, exige quelque chose de plus commercial. Les membres du band sont très satisfaits que les messages de la maison disques passent par leurs producteurs. Ils peuvent ainsi les ignorer et ce sont les 2 producteurs qui auront à se justifier si jamais, ça ne plait pas. Ils se foutent des commentaires des gens de la maison de disques et veulent faire à leur manière. Même Easter & Dixon, qui ont d'excellents rapports avec les gens de chez I.R.S., finissent parfois par entendre des propos qui leur font dire "ohlàlà...ils sont très déconnectés de nos réalités..." . On enregistre autour de 20 jours, assez rapidement, en décembre 1983, car on veut éviter que les gens d'I.R.S. ne se pointent en studio ou exigent des écoutes de ce qui se fait, et ensuite demandent de changer ceci et cela. Easter & Dixon sont complices dans la rapidité d'exécution et souvent, sans le dire au band, ils les enregistrent alors que ceux-ci pensent pratiquer. Et plus souvent qu'autrement, la prise sera la bonne pour le band. Ils aiment.R.E.M a beaucoup joué en spectacle en 1983 et ça a été particulièrement lourd pour Micheal Stipe. En 1981, on avait fait 9 shows, simplement aux États-Unis, afin de faire connaitre le band. Entre le 26 mars et le 11 avril. Du 14 août 1982 au 11 décembre 1982, 70 autres spectacles. Toujours tous, aux États-Unis. Mais en 1983, du 26 mars au 24 avril, on fait la première partie de la formation The English Beat, aux États-Unis et au Canada, avant d'être le principal band pour une cinquantaine de spectacles, tous aux États-Unis ou au Canada. Jusqu'en juillet. Mais on revient en première partie de The Police, de août à novembre, on fera le saut en Europe. En Angleterre, aux Pays-Bas et en France. Après 27 shows aux États-Unis. Stipe est épuisé.
Il arrive vers midi avant les 3 autres, mais ne s'ouvre pas beaucoup à Dixon & Easter. Quand il chante un des morceaux, il chante si bas que Dixon n'arrive pas à l'entendre. Il lui donne un album Gospel de la formation The Revelaires¸ afin de l'inspirer. Stipe lira le derrière de leur pochette. Ça deviendra un morceau qu'on gardera pour Dead Letter Office, 4 ans plus tard. Mais 7 Chinese Brothers trouve sa forme. On veut capturer le son en spectacle de R.E.M. Y mettre plus de guitares. Rendre plus frais la batterie de Bill Berry.
Quand on enregistre Mike Mills, on le place 12 à 15 pieds derrière Micheal Stipe pour ne pas que sa voix plus haute ne couvre trop celle plus soul et grave de Stipe. Les imageries aquatiques sont si nombreuses sur l'album qu'on choisira d'écrire sur la pochette "File under "water"". On pense rivières qui prennent de l'ampleur afin de devenir lac. Ou fleuve. La pochette reflètera aussi la même chose. Deux chansons sont dans leur répertoire de spectacles depuis plusieurs mois. Depuis même trois ans. On écrit plus tendrement et aussi pour un ami qui a perdu la vie dans un accident de voiture. Stipe est co-créateur de la pochette, mais restera déçu du résultat. Il voudra que l'album se nomme File Under Water, mais l'étiquette insiste sur Reckoning. Qui avait aussi été proposé par le band. On acceptera mais au lieu de parler de Face A et de Face B on écrira side L (Pour left/gauche) et side R (pour Right, droit).Une photo individuelle des 4 membres du band est collée derrière la pochette, dont une de Micheal Stipe, en spectacle, au club Les Bains-Douches de Paris, photo prise en France, en novembre 1983. L'avant dernier spectacle de leur tournée pour la tournée de Murmur avec The Police.
On mixe et fignole dans les trois premiers mois de 1984. L'album est lancé en avril. Je découvre cette cassette 3 ans plus tard, et l'écouterai inlassablement, en faisant mon album préféré du band. 100% lié aux meilleurs moments de mon adolescence. De ma liste de lecture du band, de 4h33, il s'agit du seul album dont tous les morceaux s'y trouvent. Sans qu'un seul ne soit brulé pour mes oreilles en 2025.
Allmusic et Uncut le classent aussi 5 étoiles, Entertainment Weekly lui donne A- et Robert Chistgau B+. Le magazine Rolling Stone lui donne 4 étoiles sur 5. Le New Musical Express dira qu'il n'y a pas de band plus intéressant à suivre que R.E.M. en ce moment.
College Rock.
Même si je découvre cet album à l'école secondaire seulement.
École secondaire que je débute, à l'automne 1984.
Sans connaître R.E.M. encore.
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