Dans La Constellation R.E.M.

1998.

R.E.M. questionne sa propre pertinence, maintenant un trio, sans Bill Berry. 

Devraient-t-ils vraiment continuer ? Micheal Stipe est le plus inquiet sur le sujet. Mais Mills & Buck lui rappellent que des groupes comme Pavement ou Pearl Jam, The Smashing Pumpkins, Pixies ou Radiohead disent ouvertement être fortement inspirés de la formation d'Athens, et étiquettent une paternité aux couleurs de leurs sons. Un père qui inspire ne devrait pas quitter ses fonctions de père quand les enfants sont grands et autonomes. 

Mais voilà, parmi les gens qui étaient aussi admirés qu'admirateurs, il y avait aussi Kurt Cobain de Nirvana et l'acteur River Phoenix. Et en 1998, les deux n'existent plus. Le malsain les as emportés précocement. Devrait-on se retirer ? On est riches, on a tout ce qu'on veut. Se retirer après un album double...cliché confirmé que pour le dernier, on aurait tout donné ? 

Faux.

On a composé beaucoup depuis février, et forcément, on a une direction nouvelle. La batteur n'est plus cet ami qu'on avait depuis l'école secondaire. 

Je travaille alors dans un magasin de musique, livres et films. Au paradis (personnel), quoi. On a des réunions où, pour s'assurer que tout le monde s'y pointe, notre seule présence sera récompensée par une pige à volonté de CD, livres ou DVD/VHS, en promo copy, laissés par des représentants par le passé à la fin de cette réunion. On ne sait pas toujours ce qu'on prend. 

C'est ce qui se produit quand je suis charmé par la femme de 44 ans sur la pochette de l'album Omnipop (It's Only a Flesh Wound Lambchop). j'avais alors 20 ans de moins. Mais Sam Phillips a de beaux traits. Je ne la connais pas. En 1998, on devient de plus en plus familier avec un internet qui progresse à la vitesse de l'éclair. Je découvre qu'elle est l'épouse de T-Bone Burnett. Guitariste intéressant que je venais tout juste de découvrir au travail, justement et que j'aimais bien. Quand j'écoute l'album de Phillips, qui a déjà deux ans, je suis flabbergasté. J'aime absolument TOUS les morceaux. Sans exception. Je découvre une artiste que je connaissais pas du tout, dont je revisiterai toutes les oeuvres passés (et futures) et qui ne me décevra jamais. Faux, ses débuts très religieux (4 albums), elle est encore plus jolie, mais sa chrétienneté naïve agace. Je ne suis pas le seul à qui le son tombe dans l'oreille, sa musique est largement utilisée dans la série télé The Gilmore Girls. Je crois même qu'elle y parait. Je ne suis pas le seul à lui trouver du charme non plus.

En 1995, quand vient le moment de trouver qui jouerait Katya dans le film Die Hard With a Vengeance, suite au Die Hard et Die Harder précédent, la production exige une actrice qui aurait le charme de Phillips sur la pochette de son 6e disque, lancé en 1991. Quand on ne trouve pas, on demande carrément à Phillips elle-même, qui acceptera.

 Si je m'égare sur la belle Phillips, alors qu'il s'agit d'un blogue sur R.E.M. c'est parce que l'internet me fait aussi découvrir  alors que la dernière chanson de son album Omnipop (It's Only a Fresh Wound Lamnchop), l'excellente Slasptick Heart, a comme musiciens, tous les membres de R.E.M. Peter Buck avait collaboré au 7e album de Sam Phillips, et T-Bone Burnett avait des liens ET avec R.E.M. et avec son épouse, bien entendu. Quand Peter Buck joue pour The Minus 5 ou Tuatara, les musiciens utilisés, outre Buck, sont souvent les mêmes qu'utilisent T-Bone Burnett pour différents projets. Le rapprochement se fait ainsi. 

Mais je suis amplement ravi de voir qu'une artiste que je découvre, que j'adore au point d'avoir une liste de lecture de 35 morceaux et 1h57 de plaisirs auditifs dans la bibliothèque de mon téléphone, est associée à un groupe que j'adore aussi, puisque j'en ai aussi une liste de lecture de 69 morceaux et 4h36 de musique si appréciable pour mon oreille dans la même bibliothèque. Et dont je vous fais 6 mois de blogue chaque dimanche.

J'aime beaucoup quand les talents se complètement ainsi. Il y a donc cohérence dans mes goûts. 

L'internet me fait alors aussi découvrir une autre collaboration. Qui a alors sévi entre 1984 et 1990. Buck, Bill Berry et Mike Mills ont Warner Zevon au chant au sein de Hindu Love Gods. 

En février 1984, on joue à Athens dans les clubs avec d'abord Bryan Cook, à l'orgue et au chant. Dans des bars. On fait des reprises de chansons qu'on aime pour s'amuser. R.E.M. n'a pas encore la stature qu'ils auront bientôt et ça les fait pratiquer leur unité de son. Bientôt arrivera Micheal Stipe au chant et Warren Zevon prends les claviers, la seconde guitare et parfois la voix aussi. Zevon connaissait tous les membres de R.E.M. par un ami commun d'université. Donc depuis longtemps. Deux ans plus tard, on enregistre 2 chansons à 5, avec Cook sans Stipe. Une reprise des Easybeats et un morceau composé par Bill Berry. Cook est la voix des 2 morceaux.  

Zevon a de fameuses connexions dans le monde musical. Sur l'album qu'il lancera en 1987, R.E.M. sera son band. Composent aussi un morceau avec lui.  Micheal Stipe fera les harmonies d'un morceau. Neil Young joue de la guitare sur la pièce titre. Brian Setzer des Stray Cats et Don Henley seront d'un autre morceau. Bob Dylan joue de l'harmonica sur une pièce et Jennifer Warnes fait les harmonies d'un autre. Flea des Red Hot Chili Peppers est à la basse , avec un second bassiste le légendaire bassiste de Parliament/Funkadelic et The Headhunters,  DeWayne Blackbyrd McKnight sont d'un autre. Tony Levin de King Crimson et jouant aussi pour Peter Gabriel, est à la basse et Mike Campbell, guitariste des Heartbreakers de Tom Petty, sont tous deux d'un même morceau. 

Buck, Mills & Berry accompagnent Zevon sur un seul album sous le nom de Hindu Love Gods, en 1990. Il s'agit d'une session d'enregistrements faite en une seule nuit, très (trop) alcoolisée, où on y avait joué des standards Blues qu'on aimait. Rien ne devait être lancé sur le marché. Mais sans consulter Buck, Mills & Berry on avait retapé les inégalités en studio et lancé le disque, ne payant jamais adéquatement les gars de R.E.M., qui, en 1990, étaient sur le point de devenir sensationnellement riches, mais dont une certains amertume allait les gagner envers la gérance de Zevon. Buck restera ami avec Warren, se parlant régulièrement livres ou musique, mais un lien allait être brisé.

Toute l'année 1998, le réalisateur Milos Forman allait tourner, avec Jim Carrey dans le rôle d'Andy Kaufman, Man on the Moon. Dont la chanson d'octobre 1992 de R.E.M.  qui parlait de Kaufman, idole d'enfance de Micheal Stipe serait utilisée comme excuse au titre. On demandera non seulement de réutiliser le morceau pour le film, mais aussi de composer un nouveau morceau pour la trame sonore. The Great Beyond sera le morceau qui sera étrangement le plus vendu en Angleterre de toute l'histoire du band. Tout en passant relativement inaperçu ici. Elle sera #1 aux États-Unis et en Écosse. Jamais mieux que 46e au Canada. Et jamais à la radio ou en vidéo.

En octobre, le 26, le 11e album studio du band, le premier sans Bill Berry est lancé.

Dans le même mois, peut-être le même jour, qui sait ?, l'amoureuse et moi tricotons ensemble, peau contre peau, notre premier enfant. Ce qu'on annoncera dans trois mois, après le délai de crainte prescris. 

R.E.M. sont toujours des stars. Et on fait naitre d'autres stars.

On vient de tricoter une des nôtres, l'amoureuse et moi.